Sunday, January 21, 2007













Que faire du Général ?

Le dilemme insoluble du Hezbollah

Michel Aoun est devenu un fardeau encombrant pour le Hezbollah. Sa volonté irréductible et maladive de devenir Président réduit la marge de manœuvre de son allié et l'empêche de mener "librement" ses tractations en vue de parvenir à un compromis avec le camp opposé.

En effet, Hassan Nasrallah se retrouve aujourd'hui enfermé dans l'engagement "moral" formel qu'il a pris de ne jamais "laisser tomber" un allié qui a osé braver la volonté naturelle de sa communauté en offrant la "couverture chrétienne" nécessaire à l'aventurisme destructeur du Hezbollah.

Cette couverture inespérée était absolument nécessaire au "Parti de Dieu" pour briser l'encerclement qui le menaçait au moment de l'exécution de sa funeste "promesse sincère". Pris en tenaille entre le rejet quasi unanime de la guerre par les Libanais et la sauvagerie destructrice d'Israël, le Hezbollah cherchait désespérément une planche de salut que Michel Aoun est venu lui offrir sur un plateau d'argent.

En contrepartie, Le Général n'attendait qu'une seule "chose": La Présidence. Il a bien voulu jouer le mouton noir de sa communauté, perdre sa popularité, tirer sur la France qui lui avait sauvé la mise et l'avait hébergé pendant quinze ans. Il veut bien aussi attaquer les Etats-Unis auprès de qui il a cherché le soutien pour "chasser le Syrien" du Liban, se brouiller avec les bailleurs de fonds arabes du Liban et se battre contre tous les moulins à vent de la planète. Bref, il est prêt à tout sacrifier, absolument tout rien que pour satisfaire sa lubie.

Face à cette volonté farouche, Le Hezbollah se trouve pris à son propre piège. Son dilemme est insoluble: répondre aux dernières injonctions iraniennes qui le pressent de calmer le jeu et de chercher le compromis impliquerait un refus de cautionner les turpitudes du Général et risquer ainsi une volte-face subite de ce dernier qui aurait des retombées catastrophiques sur sa stratégie interne. Le Hezbollah sait parfaitement, d'un autre côté, que toute solution de compromis future éliminerait ipso facto Michel Aoun de la course à la présidence. C'est la raison pour laquelle il ne s'est jamais ouvertement aventuré à soutenir officiellement sa candidature. Aussi, la litanie sur l'engagement "moral" s'avère être une promesse vide de toute substance. Le Général qui possède encore quelques rudiments d'intelligence l'a bien compris, d'où sa politique de l'escalade permanente.

Le sabotage par le Hezbollah de l'initiative de la Ligue Arabe et des ultimes tentatives de compromis patiemment élaborées par l'Iran et l'Arabie Saoudite prouve qu'il a choisi la fuite en avant, mais cette politique du bord du gouffre risque de lui couper les ponts vers toute solution de repli.

La nouvelle escalade qu'il vient de décider pour satisfaire son allié risque réellement de provoquer un chaos généralisé dont nul ne peut prévoir les conséquences et de précipiter le pays dans une nouvelle guerre civile qui n'attend plus que l'étincelle de départ.

Tuba mirum spargens sonum per sepulchra regionum !