Friday, September 9, 2011

















Une flétrissure indélébile

Comme beaucoup d'autres Libanais, subitement frappés de mutisme et de surdité, il aurait pu se contenter du silence gêné des couards face au massacre qui se déroule depuis des mois à leurs frontières. Il aurait pu tout aussi bien adopter le langage indolent d'une Eglise qui prêche l'amour du prochain, et afficher par principe une solidarité de façade avec les victimes qui tombent chaque jour par dizaines. Non, Bechara Al-Rai en a décidé autrement. Il a choisi délibérément de faire l'apologie du tyran, imprimant ainsi de son propre gré une flétrissure indélébile à la mémoire de l'église maronite.

En 1919, le patriarche Elias Hoayek est allé à Versailles réclamer la création de l'Etat du Liban pour le soustraire à l'emprise de la majorité environnante et pour éviter à ses chrétiens une nouvelle Dhimmitude. Les Patriarches qui lui ont succédé ont tous œuvré dans la même direction luttant invariablement contre l'hégémonie, l'injustice et la tuerie fratricide et pour la souveraineté du Liban. Ironiquement, près d'un siècle plus tard, c'est à Paris que le paradigme historique est rompu. Un m'as-tu-vu, atteint d'une logorrhée irrépressible vient y faire l'apologie de la barbarie, défendre le tyran et effacer d'un seul trait les années de labeur de son vaillant prédécesseur.

Mais quelle mouche diabolique a bien pu piquer un prélat à peine intronisé pour qu'il succombe aux charmes des perversités populistes ?

On pourrait presque pardonner à un Michel Aoun d'avoir trafiqué avec le diable pour parvenir à ses fins. Après tout, ce n'est qu'un politique minable dont l'ambition maladive justifie en quelque sorte le reniement, mais lui, Bechara El-Rai, homme d'église, que cherche-t-il au juste à part se pavaner dans sa tunique rouge ? Serait-ce la Dhimmitude postmoderne en remplacement du souverainisme acharné ?

À peine élu, Bechara Al-Rai est parvenu presque sur le champ à atteindre son niveau d'incompétence. Lui qui croit secourir les minorités d'Orient en soutenant le tyran a besoin avant tout de se faire secourir lui-même de son affligeante bêtise.