Friday, August 22, 2008












Le tyranneau qui s'enfle et se travaille

Il n'est pas rare qu'un disciple vienne, par respect et par loyauté, au secours de son maître. Il n'est pas rare non plus qu'un faible cherche la protection de quelqu'un plus puissant que lui. En revanche, la vraie rareté, c'est de voir un petit tyran venir à la rescousse du dernier rejeton des fondateurs du totalitarisme. Cela prouve à quel point, un despote petit ou grand a toujours besoin du soutien d'autrui. D'abord, pour se convaincre lui-même de la légitimité de ses actes, mais aussi et surtout pour valider ses méfaits.

Assad s'est donc précipité auprès de Medvedev, son nouvel ami. Et, comme dans toute fable, il est facile d'imaginer le premier appelant le second pour lui annoncer sa venue:

Bachar: Allo, Bonjour Dmitri. Je vois que les Américains n'arrêtent pas de te chercher noise. Surtout, tu ne bouges pas, j'arrive !

Dmitri: Merci cher ami, mais fais vite je t'en prie. L'affaire devient assez urgente !

Assad se sent pousser des ailes et le voilà qui croit pouvoir jouer dans la cour des grands. Petit tyranneau deviendra grand, surtout lorsqu'il est aidé par aussi petit que lui. N'oublions jamais que c'est Nicolas Sarkozy qui le premier a permis à notre grenouille de sortir de son étang.

À peine débarqué, il se précipite à Sotchi, dans le sud de la Russie, pour rencontrer Medvedev et proclamer son soutien à l'opération militaire russe en Géorgie. "Nous comprenons la position de la Russie et estimons que sa réaction militaire est une réponse à la provocation géorgienne", coassa la grenouille, qui veut se faire aussi grosse que le bœuf !

"Nous apprécions le courage de la Russie qui a accepté les initiatives internationales et décidé de retirer ses troupes de Géorgie", a encore déclaré Assad. Cela ne vous rappelle rien ? La Syrie aussi avait accepté, en 2005, de retirer ses troupes du Liban, mais qu'est-ce qu'elle a eu en contrepartie ? Ingratitude et mépris de la part des grandes puissances !

On comprend mieux pourquoi le despote syrien est subitement devenu aussi fébrile. Il a vécu une expérience en tous points similaire à celle que vit actuellement la Russie et, c'est fort de cette expérience qu'il vient aujourd'hui conseiller Medvedev et valider à posteriori ses propres actions au Liban. Pas bête la grenouille ! La Russie n'oubliera pas de sitôt cette main tendue. En guise de récompense, elle accepterait volontiers de fournir à la Syrie quelques missiles "Iskander".

Et les Libanais dans tout cela ? Comme d'habitude, ils paieront les pots cassés, ou plutôt la "crevaison" éventuelle de la grenouille (dont les miettes risquent fort bien de les éclabousser). Jean de la Fontaine avait depuis longtemps, dit l'essentiel sur le sujet. Je vous laisse admirer:

"Une grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant: "Regardez bien, ma soeur;
Est-ce assez? dites-moi: n'y suis-je point encore?
Nenni- M'y voici donc? -Point du tout. M'y voilà?
-Vous n'en approchez point."La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva."