Tuesday, October 7, 2008










Le Kaouk qui croasse et le caméléon

Décidément, ils ne peuvent pas se tenir tranquilles. Les Libanais ont à peine eu le temps de souffler et voilà les corbeaux du Hezbollah qui se mettent de nouveau à croasser.

"La libération des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba est très proche, car l’ennemi sioniste ne comprend que le langage de la force", nous annonce l'oiseau de malheur Nabil Kaouk. Le responsable opérationnel au Liban-sud du parti chiite armé célébrait ainsi à sa manière la rupture d'un long mois de jeûne qui l'avait obligé de s'abstenir, comme tous ses frères, de faire des déclarations qui fâchent.

Le réveil est dur après un mois de somnolence, et les Libanais se retrouvent à devoir fredonner un refrain qu'ils cherchaient à oublier.

La la la mine de rien*
La voilà qui revient
La chansonnette.
Les refrains du parti…
Avaient pris le maquis
Mais on oublie jamais
Les mystiques en kaki
Puisqu'ils s'entêtent …

Que croyez-vous, même les corbeaux ont du tact. Pendant un mois, les Libanais ont pu vaquer à leurs petites misères pendant que les apparatchiks du Hezbollah s'amusaient, pour tromper leur faim (ramadan oblige) à cajoler leurs adversaires avec des manœuvres prétendument conciliatrices. Mais un corbeau est un corbeau et ce n'est pas un mois de jeûne qui va le transformer en colombe. Aussi, et pour qu'on se l'enfonce bien dans le crâne, le même Kaouk, après s'être bien repu le jour du fitr, a aussi tenu à nous rappeler que "miser sur la diplomatie et la politique pour libérer la terre était une option stérile" et que "la résistance était la seule garantie possible pour libérer la terre". La la la mine rien...

Quelques jours plus tard, Walid Joumblatt, qui n'arrive toujours pas à sortir de la folle panique qui l'avait saisie pendant qu'il était encerclé le 7 mai par les miliciens du Hezbollah, se démène comme un beau diable pour gagner, autant que faire se peut, les faveurs du parti khomeyniste. C'est ainsi que l'on découvre aujourd'hui sous la plume (puisqu'il écrit, maintenant, eh oui!) du caméléon druze que "les Libanais sont unanimes à considérer qu'Israël est leur l’ennemi, indépendamment de toutes les divergences internes qui les opposent". Oh, la belle trouvaille !

Et afin de ne pas être pris en flagrant délit de flagornerie, Walid Bey croît avoir trouvé l'astuce pour faire voler sous nos yeux ébahis son plus gros éléphant depuis qu'il a décidé de faire le dos rond (en attendant peut-être le déclenchement d'un tsunami qui ferait disparaître le Hezbollah et son arsenal de la surface du Liban. Allez savoir ce qui se passe dans la cervelle d'un caméléon).

"Les forces libanaises qui ont résisté à Israël, que ce soit en 1982, lors de l’invasion de Beyrouth, en 2000, avec la libération du Sud, ou en 2006, logent toutes à la même enseigne", nous affirme le caméléon aux couleurs toujours chatoyantes.

À d'autres Walid bey ! Ce n'est pas en brassant large que vous arriverez à séduire le dragon khomeyniste et ce n'est pas en vous prosternant davantage que vous allez pouvoir gagner sa magnanimité.

* Ce couplet d'une chanson célèbre a été légèrement trafiqué (mais c'est Yves Montand en personne qui se propose de vous la chanter ici).