Monday, February 5, 2007












Nabih Berri
La marionnette désarticulée

La clique politique libanaise a toujours reconnu à Nabih Berri sa capacité à négocier les grands virages et à en sortir toujours indemne. Opportuniste parmi les opportunistes, il a souvent réussi à tirer son épingle du jeu.

Sous le régime de tutelle, il a constitué le rouage "institutionnel" indispensable pour faciliter le passage, en lois et en décrets, des dictats syriens. Après le retrait des troupes syriennes, il s'est évertué à se tailler un rôle qui le distingue un tant soit peu de son puissant binôme chiite bien que sachant parfaitement qu'à la moindre incartade en dehors de la solidarité communautaire, le Hezbollah risque tout simplement de le digérer.

Sur l'essentiel, il se tient donc coi et se contente de quelques gesticulations ridicules qui n'impressionnent plus personne pour se prouver à lui-même et pour convaincre les autres qu'il dispose d'une petite marge de manœuvre lui permettant d'échapper au contrôle vigilant de Nasrallah.

Dans ses relations avec la Syrie, il souffre d'un handicap encore plus contraignant. S'étant compromis jusqu'à la moelle avec le parrain protecteur, il n'est que trop conscient du prix à payer en cas d'incartade. Il connaît par cœur et mieux que quiconque les basses œuvres du "pays frère" pour ne pas être tenté de se présenter en candidat spontané qui viendrait rallonger la liste des "martyrs" qui parsèment le chemin de la relation "fraternelle" avec Damas.

Si par miracle, il réussit parfois à échapper au contrôle et du Hezbollah et de la Syrie, ce sont les foudres du Guide de la révolution iranienne, en personne, qui s'abattent sur lui. Tout le monde se rappelle sa volte-face spectaculaire à Téhéran où, en l'espace de quelques heures, le Gouvernement Siniora s'est métamorphosé comme par magie de "gouvernement de résistance politique" en "gouvernement illégitime".

A l'autre bout de l'échiquier, la coalition dite du 14 mars continue à le cajoler dans l'espoir vain et puéril de le voir, dans un sursaut inespéré d'autonomie, se plier à ses exigences et convoquer le parlement dont il tient les portes hermétiquement closes. Hélas, une marionnette ne peut se mouvoir que par l'action des ficelles qui la tirent.

La Syrie ne veut pas d'un tribunal international. Le Hezbollah ne veut pas qu'on touche à ses armes. L'Iran ne veut pas se priver de ses atouts libanais. Au pied, Nabih Berri ! Et Nabih Berri s'exécute. C'est limpide, non !

Le pauvre "Président du Parlement" offre aujourd'hui le spectacle tragi-comique d'une marionnette désarticulée, incapable d'exécuter les jongleries les plus simples et généralement à la portée d'un clown de cirque Débutant.