Friday, June 12, 2009



















NBS sans peur et sans reproche


C'est au cœur de la tourmente que l'on reconnaît les grands hommes. Le Patriarche Nasrallah Boutros Sfeir prouve une nouvelle fois qu'il est de la trempe des durs à cuire. Bravant tous les interdits, il n'a pas hésité de lancer à la dernière minute son cri d'alarme mettant en garde les Libanais contre les dangers d'une victoire de l'opposition aux élections législatives.

Les Libanais en ont rêvé, Mar Nasrallah l'a fait !

Le coup de semonce est tombé à la veille des élections. Clair, net et précis. Le Général Iznogoud et les chefs de clan analphabètes étaient avertis, mais ils n'y pouvaient plus rien. Le Prélat avait bien choisi son moment, il fallait leur barrer la route et les empêcher de sacrifier le Liban sur l'autel de leurs ambitions perverses. Quelques phrases lui avaient suffi pour effacer de longs mois d'incertitude. L'heure était au combat frontal et sans merci et l'enjeu en valait la chandelle. Il y allait tout simplement de l'avenir du pays.

Mar Nasrallah a gagné son pari, le danger est écarté. Exit M8, M14 rempile. Nul ne pourra jamais quantifier avec certitude l'impact de son appel, ni savoir le nombre exact d'indécis qu'il a réussi à sortir de leur torpeur. Il a fait ce qu'il avait à faire et contribué autant que faire se peut à la victoire du camp souverainiste. Le "peuple" du 14 mars peut donc crier haut et fort: Merci NBS !

Victoire en poche, le Patriarche peut aujourd'hui exprimer ouvertement et en termes clairs le fond de sa pensée. À vrai dire, il déballe tout ce qu'il avait sur le cœur depuis des années et ose enfin appeler un chat un chat. Ce qu'il pense du résultat des élections, du Hezbollah, de la forme du prochain gouvernement, du rôle de l'Église, de la présidence… Aucun sujet n'est plus tabou pour lui et l'on dira peut-être un jour que l'interview qu'il vient d'accorder à la revue Al-Massira aura été son vrai testament politique.

Ces déclarations sont de la première importance, nous en reprenons ici la partie la plus croustillance telle qu'elle a été rapportée par le quotidien l'Orient le Jour:

"Les gens savent très bien où sont leurs intérêts. Le 8 Mars croyait pouvoir mettre la main sur le pouvoir et marginaliser le 14 Mars… Le problème est que les États voisins ont des ambitions au Liban et des projets qu'ils tentent de réaliser aux dépens de notre pays. Il est vrai que les Syriens sont sortis, mais peut-on dire que leurs ambitions au Liban ont disparu ? ", s'interroge-t-il avant de conclure: "Si le Hezbollah a besoin d'assurances, il faudra les lui donner. Mais le Hezbollah est devenu plus fort que l'État et cela est une situation anormale".

À la question de savoir si Bkerké est satisfaite des résultats du scrutin législatif, le patriarche répond par l'affirmative. "Ce n'est pas si mauvais, d'autant que l'on s'attendait à ce que l'autre partie gagne largement", relève-t-il. Prié de dire si son appel de samedi dernier a pu jouer un rôle dans ces résultats, il lance : "Ils prétendent que je divise au lieu d'unifier, sachant que je me suis adressé aux gens pour les mettre en garde contre un danger menaçant le Liban et son identité…"

Je continuerai à nommer les choses par leur nom. Le plus élémentaire de mes devoirs est d'avertir les Chrétiens des périls qui les menacent. Je dirais toujours le mot de la vérité, sans tenir compte de leurs menaces", a-t-il dit. Interrogé sur l'avenir immédiat, il écarte la possibilité d'une crise. "S'il y a un gouvernement sur la base du principe de la majorité qui gouverne et de la minorité qui s'oppose, je pense que les choses iront dans le bon sens", estime-t-il. À la question de savoir s'il est satisfait du résultat des élections, il répond : "Dans une certaine mesure, oui. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve. N'est-il pas notoire qu'un basculement donnerait à l'Iran, à la Syrie et aux Palestiniens de l'opposition le contrôle de la situation au Liban ?."

Qui dit mieux ? Ite missa est !