Monday, January 31, 2011
















Al-Mustaqbal ou le Futur à reculons

Lorsque cinq ans durant, on a prétendu parler au nom d'un Islam modéré et "moderne", lorsqu'on a seriné le monde avec son attachement aux droits et devoirs du citoyen, lorsqu'on a fait de la défense de l'Etat et de ses institutions son credo et lorsqu'on a répété jusqu'à plus soif son respect des valeurs de la démocratie et de la liberté, on ne lâche pas sa propre racaille dans la ville pour venger son éviction du pouvoir.

En une seule journée d'émeutes, Saad Hariri a foutu bas cinq années de labeur pour donner consistance à un projet fumeux, fait de bric et de broc et qui, contrairement aux affirmations tapageuses, n'a jamais franchi le seuil des intentions et des belles paroles.

Personne ne conteste que le pouvoir ait été usurpé par la violence et la fraude caractérisée, mais est-ce une raison de se tirer une balle dans le pied et, sous le prétexte d'une colère "spontanée et légitime", d'avoir recours aux mêmes méthodes de voyous dénoncées chez l'adversaire ?

C'est trop facile de se présenter tout fringant, des heures après, pour rejeter les actes hors-la-loi et stigmatiser les émeutiers. C'est trop facile d'assister aux saccages sans broncher et venir après coup ânonner des slogans usés jusqu'à la corde. C'est trop facile de laisser quelques braillards chauffer à blanc la foule et s'étonner après des appels à la haine, une haine farouche et viscérale qui n'a plus peur de s'exprimer ouvertement, une haine aux relents racistes qui ouvre la différence, qui maintient la distance et ne l'efface plus.

Honte à vous Saad Hariri, honte à la bassecour qui vit à vos crochets et qui vous fait croire que la haine est votre seule voie de rédemption. La rectitude morale, cela ne s'apprend pas. On est droit, ou on ne l'est pas, mais après la chute, il ne tient qu'à vous de rester à genoux ou de vous redresser.