Tuesday, February 13, 2007















Des Femmes Remarquables
De la "sensation d'infini" au "désenchantement"

S'il est une image qui restera à jamais gravée dans notre mémoire collective, c'est bien celle de femmes libanaises, qui, par leur présence massive à la "Révolution du Cèdre", leur ardeur impétueuse et leur pétulance, ont marqué d'une incontestable "magie onirique" le "sursaut" de l'indépendance retrouvée.

Que sont devenues ces femmes remarquables ? Comment jugent-elles leur participation aux évènements qui ont bouleversé le Liban depuis février 2005 ? Enfin, et surtout, comment vivent-elles aujourd'hui le "rêve brisé" d'une grande majorité de Libanais ?

Heuristiques se fait l'écho du témoignage de l'une d'elles, Bélinda :

C'était une "ivresse magistrale, indescriptible, une sensation d'infini. Je ne pense pas avoir jamais aimé le Liban comme ce jour-là", dit aujourd'hui Bélinda en se remémorant les deux mois d'effervescence qui ont suivi l'Assassinat et qui l'ont propulsée dans la rue comme tant d'autres.

"Ensuite, c'était la descente aux enfers avec le chapelet de déceptions qui se sont succédé à ce grand moment et les désillusions distillées comme du venin lent ... mais terriblement efficace". Aujourd'hui, je suis une "désenchantée du 14 mars", c'est-à-dire une personne (parmi tant d'autres) qui a cru, rêvé et oeuvré pour que le Liban soit, devienne et demeure un pays libre de toute tutelle".

"J'avais ma "tenue de lutte" toujours prête à servir : foulard rouge et blanc et drapeau du Liban. Forcer le "barrage" physique de l'armée, un jour où nous étions interdits de manif, a été une victoire que j'ai longtemps savourée ..."

"L'assassinat de Samir Kassir, jour où j'ai pris la ferme décision de ne plus descendre (après l'avoir fait pour lui) pour quiconque dans la rue, allumer des cierges et suivre un cortège funèbre. Je m'étais totalement distanciée de mon rêve qui s'avérait chimère illusoire".

"La mort de Gebran Tuéni a donné le coup de grâce à tout ce qui me restait d'espoir et a sonné le glas de cette aventure qui ne représente plus rien pour moi aujourd'hui".

"Je n'ai plus rien à voir avec la "militante" du "14 mars" pour lequel je n'ai jamais réellement milité; j'ai milité pour les idées nées de la société civile et qui ont malheureusement été récupérées par les politiques, et explosées..."

" Ma lucidité a fini par reprendre le dessus et tout ce qui pourrait advenir ne me surprendrait plus. Le Liban n'est plus ma cause, tout comme je ne crois en aucune cause qui pourrait s'appeler cause libanaise".

"Le Liban aujourd'hui est une terre qui m'héberge, mais sur laquelle je vis désormais en autarcie: rien ne me touche plus que ce qui concerne ma sécurité et surtout mon droit à une vie digne qu'on m'empêcherait d'avoir. Tout le reste n'est que balivernes ! ".