Wednesday, January 12, 2011

















Schuss ! Tout Schuss vers l'abîme

Peut-être qu’à l’extrémité du crétinisme, là où l’obscurité submerge le cerveau, règne la félicité ? Michel Aoun baignait hier dans cette félicité et savourait son retour en scène après avoir été longtemps tenu à l'écart par son maître et néanmoins ami, Hassan la menace. Preuve de son bonheur sans mélange, il a renoncé comme par enchantement à sa cargaison de vilaines épithètes et à ses tombereaux d'insultes pour annoncer avec un sourire de chérubin la mort de l'initiative S-S et le retour des turpitudes.

Pour une bonne nouvelle, c'est incontestablement une bonne nouvelle, car elle met un terme à des joutes interminables d'hypocrisie, de mauvaise foi et de mensonges qui faisaient accroire aux Libanais que le mariage entre la carpe et le lapin relevait du domaine du possible et que les dithyrambes emphatiques de Hassan Nasrallah au vieux fossile saoudien n'étaient pas que de la flatterie intéressée.

Les fiers-à-bras ont pour eux l’instinct de certitude. Etant sûrs de tout, ils le sont également d’eux-mêmes et regardent de très haut les créatures encombrées d'un minimum d’intelligence. Hassan Nasrallah était sûr que ses intimidations finiraient par porter leurs fruits. Sa voracité était sans bornes et ce n'est point une solution négociée qu'il cherchait mais bien une reddition totale du camp adverse. Hélas, Saad Hariri, tout cave qu'il est, a fini par se rebiffer !

L'initiative S-S est donc morte, et, c'est tant mieux. La stabilité ménagée du dehors par un couple boiteux qui n'a jamais convaincu personne a fait long feu et c'est tant mieux. L'antagonisme brut d'hier reprend enfin ses droits et c'est tant mieux. Les acteurs et les rôles sont bien définis et l'on jouera à guichets fermés un opéra bouffe dont on ne connaît que trop bien les tenants et les aboutissants:

D’un côté, il y a les voyous dont la marotte est de célébrer la force brute et d’en user quand bon leur semble. De l’autre, il y a les pleutres qui passent le clair de leur temps à geindre. Les premiers s’activent à détruire l’État pour le remodeler à leur guise, les seconds prétendent vouloir le défendre par leurs jacasseries. Mais les uns et les autres sont issus de la même argile et vivent du même terreau, leurs archaïsmes mentaux sont identiques, leurs haines sont similaires et leurs folies sans bornes.

À ceux qui ont souvent l'impression de régresser en plongeant dans le réel, à ceux qui savent que le pessimisme est seul capable de remonter un moral défaillant, un conseil: barricadez-vous et écoutez les Suites pour Violoncelle Seul de Jean-Sébastien Bach (version Pierre Fournier, la meilleure !).