Monday, October 6, 2008













Bachar El-Assad, Der Zauberlehrling

Le vieux sorcier n'est plus là
Cette fois il est bien parti !
Cette magie qu'il m'interdisait
Est enfin à ma portée !
Je vais pouvoir essayer
De faire obéir les esprits,
Jeter des sorts, jouer avec les maléfices !

C'est un extrait de Der Zauberlehrling (l'apprenti sorcier), ballade écrite par Goethe, traduite en musique par Paul Dukas et admirablement portée à l'écran par Walt Disney dans son mémorable Fantasia. Mickey y joue le rôle d'un apprenti sorcier qui transforme son balai en un serviteur docile pour lui remplir son bassin.

Après la mort de son criminel de père, l'apprenti dictateur Bachar El-Assad a essayé de faire avec les islamistes ce que Mickey a fait avec le balai. Il les a amenés à lui en pensant pouvoir impunément s'en servir à sa guise. Trois ans durant, il les a financés, armés et réglé leurs allées et venues, les envoyant tantôt en Irak, tantôt au Liban sans oublier de les vendre de temps en temps au "Grand Satan" américain pour l'amadouer en lui prouvant qu'il était capable, lui aussi, de participer à la grande guerre contre le terrorisme.

En jouant ainsi à l'apprenti sorcier, le Mickey syrien a oublié que l'hydre intégriste avait plusieurs têtes, qu'elle pouvait se multiplier, et tout comme le balai de Mickey devenir incontrôlable (voir ici ce qui arriva au vrai Mickey).

Rien d'étonnant donc à le voir aujourd'hui (après avoir perdu la formule qui lui permettait d'ensorceler les terroristes) se mettre à crier au loup et d'appeler subitement à la rescousse. Et comme à l'accoutumée, C'est le Liban, son souffre-douleur favori, qui doit payer le prix de ses méfaits. Rien d'étonnant, non plus, de voir ses adversaires régionaux avec l'Arabie Saoudite à leur tête se réjouir de ce qui lui arrive et d'être tentés à leur tour de retourner tout ou partie de la nébuleuse intégriste contre lui.

Cependant, il nous fait vraiment sourire l'apprenti sorcier syrien lorsqu'il affirme à l'éternelle carpette Melhem Karam que "le Liban Nord est devenu une base de l'extrémisme et la principale source de danger pour la Syrie". Il nous fait franchement rire lorsqu'il dit à la même limace que la Syrie "n’a jamais soutenu la Résistance au détriment du Gouvernement libanais et n’a jamais songé affaiblir l’État libanais en appuyant la Résistance". Oh, le pitre insolent ! Il va certainement nous apitoyer lorsqu'il essaie de nous jouer pour la nième fois son refrain éculé du "Darabni wbaka wsabakni wchtaka" !

Personne ne se réjouit de la barbarie des terroristes, que ce soit au Liban ou en Syrie, mais se préoccuper du sort d'un dictateur qui a été délibérément farfouiller dans le nœud de vipères, ce serait la pire insulte qu'on puisse faire à la mémoire des innombrables victimes tombées des deux côtés d'une frontière à jamais poreuse.

Est-ce une raison de croire que l'heure de la dictature syrienne a sonné ? Point du tout, la résilience des régimes répressifs et leur capacité de survie demeurent à jamais insondables. Mais ceci ne doit pas nous empêcher (oh que non) de lui souhaiter de tout cœur un vrai coup de balai et pas comme celui, virtuel, du pauvre Mickey !