Wednesday, January 19, 2011






















Les Hooligans dans la ville

Qui a dit que les fieffés enturbannés n'avaient pas le sens de l'humour ? Tenez Hassan Nasrallah, par exemple, cet homme pieux qui a commencé sa carrière en Robin Hood et qui est en train de la terminer en Dr. No. Eh bien, de tous de nos politiciens véreux, il est probablement le plus drôle. Oui, oui parfaitement. Vous pouvez le haïr comme la peste, vous pouvez l'imaginer, tapi dans son bunker en train de préparer, sous le sceau du secret, de ténébreuses machinations, mais vous ne pouvez pas lui dénier une certaine finesse dans le délire et un sens de l'absurde qui brille de tous ses feux lorsqu'il se sent menacé.

Sa dernière histoire drôle a fait les gorges chaudes de toute la ville. Tôt hier matin, des centaines d'apparatchiks appartenant à la milice divine et au mouvement Amal, habillés en noir et munis de talkies-walkies, se sont déployés aux croisements et artères de Beyrouth. Mais avant de les lâcher dans la nature, Hassan le comique a pris soin de leur concocter un prétexte en béton. Aux passants paniqués par ce déploiement impromptu, les miliciens avaient ordre de répondre qu'ils attendaient le bus "pour partir en excursion". Avouez que c'est bidonnant ! Non ?

Voici un homme, obnubilé par un acte d'accusation qui va le hacher menu, qui rejette toutes ses préoccupations personnelles pour concentrer toute sa pensée sur une seule chose, faire une bonne blague à l'ensemble de la population. Sacré Hassan, de grâce fais-nous encore rire, des blagues aussi désopilantes et déjantées que celle-ci, on en redemande. Yalla, montre-nous jusqu'où tu peux aller dans ton délire. Bis repetita placent ! Et, surtout, n'oublie pas d'envoyer tes hooligans plus souvent faire des "excursions" dans la ville, les enfants en âge d'aller à l'école commencent à s'habituer à la tremblote matinale que tu leur dispenses.

Pauvre Hassan, quand même, qui ne sait plus quoi faire ni quelle tactique adopter pour changer le cours des choses. Non content de raisonner à tort et à travers, et en général de travers, ses discours et ses actions ne mènent pas seulement à l’erreur, mais au non-sens. Dès qu'il a appris que son parti était définitivement inscrit sur les tablettes de Daniel Bellemare, il s'est mis à accumuler à un rythme inouï un nombre incalculable d'inductions abusives et d’entorses aux principes élémentaires de la logique. Avec lui, on assiste à La Cantatrice Chauve presque sans relâche. Le théâtre de l'absurde, c'est son nouveau dada. Il le pratique à outrance et sans tenir compte de l'effet boomerang qu'il puisse avoir sur sa santé mentale.

Entre la prise du pouvoir par les moyens constitutionnels et "pacifiques" et le déploiement de la milice cagoulée dans la ville, l'écart est tellement béant qu'on doit se demander si à force d'être cloîtré, notre cher Hassan n'a pas atteint son niveau d'incompétence.

Vivement la relève. Pourquoi pas Naïm Kassem, tiens. Car si avec Hassan il nous arrive de sourire, avec Naïm, ce sera le fou rire assuré !