Tuesday, September 2, 2008













Le mea-culpa fielleux des assassins

Les Libanais peuvent pousser un ouf de soulagement. Eux, qui s'étaient fourvoyés à chercher midi à quatorze heures, devraient donc arrêter leurs supputations et s'en remettre pour leur sécurité au parti khomeyniste libanais qui se tient toujours prêt à les défendre contre l'agresseur israélien, même si en l'occurrence, il ne s'est agi que d'un pilote libanais. Une simple peccadille, en somme !

Tout le monde peut se tromper, y compris un milicien faisant partie d'une force d'élite, qui s'affole au moindre vrombissement d'hélice et qui ouvre le feu sans consulter son commandement. Aurait-il agi autrement, on l'aurait blâmé. Much ado about nothing, dirait Shakespeare ! Le milicien en question devra en toute logique "assumer l’entière responsabilité" de son acte et permettre ainsi à son parti d'être lavé de tout soupçon quant à ses véritables intentions d'interdire à l'armée l'accès sans son accord préalable aux zones qu'il contrôle.

Pour clore cet "incident regrettable" et forcément "douloureux", le parti, qui dispose à sa guise de la vie et de la mort de ses propres miliciens, mais aussi de celles des autres Libanais, ira présenter des condoléances en bonne et due forme à la famille de la victime. Il le fera par l'entremise d'un Gebran Bassil, toujours prêt, comme son chef (qui a définitivement oublié ses galons), à avaler les couleuvres (toujours plus grosses) d'un allié absolument indispensable à la survie politique de son courant.

Mais de qui se moquent-ils, ces fourbes rapaces et éhontés? Veulent-ils nous faire admettre que l'assassinat est pardonnable parce qu'il a eu lieu dans des "circonstances confuses"? Veulent-ils nous faire accepter que le "sacrifice" du milicien responsable est suffisant pour justifier à posteriori les lignes rouges qui se multiplient de jour en jour et qui quadrillent d'ores et déjà une bonne partie du territoire ?

Avec chacune de ses dérives, le parti khomeyniste apporte une nouvelle preuve irréfutable qu'il serait parfaitement illusoire de concilier la logique de l’État avec celle de l'État dans l’État. L'antagonisme est insoluble et il ne sert à rien d'avancer des propositions stupides comme celle de la marionnette Nabih Berri pour la formation d'une "commission" destinée exclusivement à noyer le poisson.

Nous sommes en présence d'une milice paraétatique qui étend chaque jour davantage son spectre jusqu'à couvrir l'étendue de l’État. Plus son champ d'influence s'accroît, plus l'État dépérit.

"En ces circonstances douloureuses, nous présentons nos plus chaleureuses condoléances à la famille du capitaine Samer Hanna, à nos frères au sein du commandement de l’armée et aux compagnons de la victime. Nous sommes profondément attristés à cause de ce qui s’est passé, et nous considérons la victime comme un martyr de la nation et de la Résistance au même titre que de l’armée", dixit le parti de la "révolution islamique au Liban".

Admirons l'éloquence et apitoyons-nous sur le sort du pilote massacré. Jamais componction n'a été aussi perfide et un mea-culpa aussi fielleux !