Wednesday, May 2, 2007



















Michel Aoun, un Sisyphe inconsolable !


On peut tout reprocher à Michel Aoun, sauf sa persévérance. On le croyait résigné après avoir un moment admis que la Présidence était "derrière lui", mais voilà que ses anciens démons le reprennent et subitement ragaillardi, il repart à l'attaque plus déterminé que jamais à rouler éternellement son rocher tel un Sisyphe inconsolable.

Dans sa quête folle pour accéder coûte que coûte au fauteuil présidentiel, il a déjà tout essayé: la volte-face et la compromission, la menace et le chantage, le populisme et l'imposture, mais ses efforts sont restés vains et, à son grand désespoir, il voyait son rocher inévitablement dégringoler en bas de la colline de Baabda.

La résignation supposée cachait en fait une fourberie. "Par de feintes raisons, je m'en vais les abuser", se répétait-il en paraphrasant, probablement sans le savoir, un vers tiré d'Iphigénie de l'illustre Jean Racine. Notre bonhomme attendait patiemment une conjoncture plus favorable pour agir.

L'ouverture, tant attendue, se présente enfin. La bataille pour l'adoption du tribunal international tire à sa fin et les Libanais se préparent à affronter dans la confusion la plus totale l'ultime "échéance" que représente l'élection présidentielle. Il était donc inconcevable pour notre Sisyphe de ne pas essayer une nouvelle fois d'escalader sa colline favorite.

Fort de l'appui de ses conjurés du Hezbollah et du soutien, de plus en plus explicite, de leurs parrains régionaux, le voilà qu'il nous annonce après de longues cogitations et frétillant d'autosatisfaction sa botte secrète. "Le règlement de la crise, dit-il, ne peut se faire qu’à travers l’organisation d’élections législatives anticipées ou par le biais d’un plébiscite ou encore à travers l’élection d’un président par le suffrage universel, pour une fois seulement pour écarter les possibilités d’interférences étrangères".

Au diable la Constitution, le Parlement et la majorité des députés ! À quoi bon s'encombrer de procédures inutiles ! Seul le peuple est souverain et il revient à ce peuple docilement mené de rouler la pierre, à sa place, jusqu'en haut de la colline. Sacré Michel ! l'absurdité tragi-comique de sa démarche vous incite presque à lui offrir gratuitement sa "sucette présidentielle".

"Juste une fois", dit-il. C'est à se tordre de rire ! Sisyphe était obstiné, nous dit Homère, mais nulle part dans son Odyssée, il n'est fait mention d'un Sisyphe nombriliste ou ridicule.

En condamnant Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids, les dieux avaient pensé avec quelque raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir.

Courage Michel ! il ne reste plus que quelques mois avant de gagner un repos bien mérité.