Saturday, January 10, 2015



Charlie pour toujours!

On ne sait trop quoi faire contre la satire. Elle est par nature subversive et le rire qu’elle provoque est parfois destructeur de certitudes. Umberto Eco, dans Le Nom de la Rose, avait fait du rire le pivot de son célèbre roman, porté au cinéma. Le bibliothécaire aveugle de l’abbaye, Jorge de Burgos dit: "Le rire tue la peur, et sans la peur, il n’y a pas de foi, sans la peur, il n’y a plus besoin de Dieu. Pouvons-nous rire de Dieu? Le monde retomberait dans le chaos."

Charlie Hebdo riait de tout, se moquait de tout. De toutes les religions, de tous les prophètes. Charb, Cabu, Wolinski et les autres ne s’imposaient aucune limite. Une irrévérence totale, un anticléricalisme irréductible. Mais, leur liberté était la nôtre et il nous appartenait de les suivre ou non jusqu’au bout de leur ivresse. Leur liberté atteignait le ciel et rares sont ceux qui pouvaient les suivre sans avoir le vertige. Pour les athées, comme eux, chaque caricature réussie, c'était pain bénit (ha, ha!)

Charlie Hebdo nous rappelait sans cesse que la liberté n’était pas tributaire des nos croyances, que la laïcité n’était pas qu’un simple concept, mais un exercice de tous les jours qui célébrait ce que la République avait de fondamental et d’universel.

On ne sait trop quoi faire contre le rire. Deux islamistes psychopathes croient avoir trouvé la solution : éliminer les rieurs pour que tarisse le rire. Mais, ils ont déjà perdu. Des "Charlie" se répandent déjà partout, en France et dans le monde, pour dire non à leur folle barbarie. Les dessinateurs de Charlie prenaient tous les risques et en assumaient toutes les conséquences. Et si, malgré les larmes, les Français se lèvent en masse aujourd’hui pour que triomphe la liberté d’expression, c’est grâce à leur courage de s’attaquer à tous les tabous, de se moquer de tous les archaïsmes.

Charlie est en nous et vivra pour toujours.