Thursday, September 7, 2006










Les équilibres métastables et les marionnettes libanaises

Nul besoin d'être un expert en Thermodynamique pour reconnaître que le Liban évolue, depuis sa création, dans un état d'équilibre métastable.

En application des lois de la thermodynamique, un système se trouve dans cet état lorsque ses paramètres constitutifs sont assujettis en permanence à des "transformations ouvertes" qui sont soit le résultat de sa propre dynamique interne, ou bien de ses "échanges avec l'extérieur".

L'illustration ci-dessus montre que la moindre inflexion dans la courbe porteuse du milieu conduit inéluctablement la boule à dégringoler la pente après s'être un moment immobilisée sur un pic d'instabilité.

L'application de ces lois au cas libanais éclaire parfaitement les soubresauts récurrents qui font plonger périodiquement le pays dans l'instabilité après des périodes d'accalmie de plus ou moins longue durée (paix civile froide, selon la belle définition de Waddah Chrara). L'analogie du système libanais avec les systèmes thermodynamiques est patente. La dynamique interne du système libanais aussi bien que ses transformations ouvertes sont le reflet des intérêts antagonistes de ses communautés et (ou) des relations de celles-ci avec l'environnement régional et international.

Que font, dans cette situation, les "acteurs" libanais ? ils jouent, tout simplement, le rôle d'agents qui véhiculent ces transformations et leur liberté d'action est toute relative. En effet, qu'ils utilisent leurs propres moyens ou qu'ils s'appuient sur l'extérieur (une puissance régionale ou internationale) pour défendre les intérêts de leur communauté ou d'une fraction de celle-ci, ils restent prisonniers des règles de fonctionnement du système confessionnel, mais aussi des impératifs de la puissance tutélaire. Ce sont donc des marionnettes dont les ficelles sont manipulées par l'extérieur ou, pire encore, par les lois intrinsèques.

Quelle est l'alternative pour sortir de cet état d'équilibre métastable ? la réponse à cette question est simple en théorie: briser le système confessionnel et jeter les bases pour l'émergence d'un Etat Civil. Mais qui peut le faire ? le système ne peut pas se réformer de lui-même, l'extérieur est loin d'être intéressé et les marionnettes ne peuvent pas changer de nature. Alors ?

Des centaines de milliers de libanais se sont rassemblés un jour dans un rare sursaut pour dire leur rejet du système. Mais les marionnettes ont vite fait d'ignorer leur appel et, naturellement, le système a fini par les phagocyter ou les rejeter.

La quadrature du cercle est un problème que les géomètres ont tenté en vain de résoudre. Chacun sait que ce problème est insoluble. Le problème libanais est quelque peu identique et nos marionnettes l'ont probablement su avant tout le monde; c'est la raison pour laquelle elles n'ont jamais tenté !