Saturday, February 24, 2007













En douce et sur la pointe des pieds …

Il n'y est pas encore, mais presque. Il le dit sans vraiment le dire. Michel reconnaît enfin que la Présidence est "derrière lui". Cela s'appelle une litote ! Elle lui permet de se retirer doucement et sur la pointe des pieds vers les rivages pénibles de la résignation. Adieu veau, vache, cochon… Le pot au lait est cassé. Il l'était depuis longtemps, mais il fallait bien qu'un jour, le principal intéressé le reconnaisse. On ne renonce pas facilement et sans regret à un rêve qui vous taraude depuis si longtemps.

Vous m'excuserez de travestir Michel en Laitière, mais il est difficile de ne pas avoir une pensée émue pour Jean de La Fontaine qui avait admirablement bien ciselé le cas des "sages" et des "fous" qui rêvent de leurs "châteaux en Espagne" :

Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
Autant les sages que les fous ?

Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;
On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant.

N'allez surtout pas fondre en larmes ! Le Général possède encore une grande capacité de nuisance. En annonçant la dissipation de son rêve, non seulement il prend soin de couvrir son retrait sous un écran de fumée qu'il appelle "l'intérêt du Liban", mais il maintient intacte sa détermination à saper les fondements du "gouvernement illégitime". Lire ici le texte intégral de son interview à Lebanon Files.

Soyons toutefois magnanimes et reconnaissons lui "sa part du gâteau". C'est malheureusement le lourd tribut à payer dans un pays où la règle consiste pour chaque partie à mettre l'Etat en lambeaux afin d'arracher le morceau qui "lui revient".

Jusque-là et en dépit de ses frasques et de sa folle équipée, Michel représentait un obstacle facile à diluer. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on pense au véritable nœud gordien: comment amener Hassan à renoncer à ses "châteaux divins" et à rejoindre le bercail libanais, mais cela est une autre paire de manches !