Sunday, January 20, 2008
















Le pari fou d’un querelleur hargneux


Le tyran syrien doit boire du petit-lait et s’en lécher les babines. Un simple coup d’œil sur la scène libanaise lui suffit pour mesurer l’immensité de la tâche accomplie. Près de trois ans après son éviction du Liban, il a, en effet, toutes les raisons d’être en pleine euphorie.

Il avait juste promis l’anarchie, mais aujourd'hui, il prouve qu'il peut aller nettement plus loin. Le simple blocage des institutions ne suffit plus, il lui faut désormais passer à la vitesse supérieure avec comme objectif la déconstruction du Liban et son "reformatage" selon des normes qui garantissent durablement la prépotence syrienne.

Cette déconstruction est aujourd’hui largement entamée. Le Parlement ne fonctionne plus, le gouvernement est paralysé, l’économie est en ruine et la présidence de la république n’existe plus. Au passage, la constitution a été complètement suspendue et le tiers de blocage est devenu l'ultime cheval de bataille pour instaurer une prise réelle du pouvoir par la minorité.

Le dictateur syrien peut se réjouir du chemin accompli, mais son "grand œuvre" n'est pas terminé. La majorité est bien tétanisée et ses membres sont bien obligés de se tapir comme des lapins dans leur clapier, mais il subsiste un dernier bastion de résistance qui continue de lui faire la nique et qui l'empêche, pour ainsi dire, de terroriser en rond.

Ni la Syrie, ni le Hezbollah ne peuvent attaquer frontalement le Patriarcat maronite, défenseur ès qualités de l’entité libanaise et avocat inlassable de son indépendance, de son système politique et de sa fameuse "formule". Il leur fallait un affidé assez téméraire et capable de miner la forteresse de l'intérieur.

Pour préparer le terrain, Michel Aoun s'est bien lancé dans la besogne, mais son action relevait d'une tactique par trop timorée qui risquait en plus de s'effilocher en chemin. Non, le coup de boutoir nécessitait décidément une intervention d'un autre niveau.

Or, s'il est un homme lige de la Syrie capable de prendre le taureau par les cornes, c'est bien Sleimane Frangié. Tout ce qu'on lui demande, c'est de faire fructifier l'héritage qui lui fût légué par son grand-père et d'agir selon les règles de la fameuse "coalition des minorités" qui veut que le salut des Chrétiens libanais passe impérativement par une inféodation du Liban à la Syrie.

Par ses attaques, le petit homme ne se contente pas de signifier au Patriarcat maronite la fin de "son rôle politique", il procède surtout à un déblayage net du terrain. Premièrement, il sonne le glas à la candidature de Michel Sleimane à la Présidence de la République. Deuxièmement, il relègue définitivement au second plan le rôle de Michel Aoun et troisièmement, il annonce clairement à qui veut bien l'entendre qu'il est le candidat de la Syrie, le seul et le vrai, pour remplacer la carpette Émile Lahoud.

Sleimane Frangié, qui fait figure d'un roquet hargneux et querelleur, prouve qu'il n'est pas moins calculateur. On pourrait même le qualifier de "fin stratège" en comparaison avec le fou furieux de Rabieh.