Thursday, August 4, 2011




















L'honneur perdu de Nawaf Salam

Peut-on sacrifier un poste diplomatique prestigieux, saborder une carrière politique prometteuse, rien que pour sauver son honneur ? En politique, où la morale entre peu en ligne de compte, la question ne se pose même pas. Sauf si l'on prétend être un homme d'honneur, sauf si l'on ne conçoit l'action politique qu'en adéquation avec les principes moraux et sauf si l'on veut donner l'exemple de la manière d'agir d'un homme dans la cité.

En se dissociant de la déclaration du conseil de sécurité condamnant l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes, Nawaf Salam a tout simplement cautionné les massacres et définitivement entériné son rôle de larbin au service du tyran et de ses acolytes libanais.

En janvier 2010, le même Nawaf Salam s'était félicité de la "journée grandiose et exceptionnelle" qui avait marqué le retour du Liban au Conseil de sécurité de l’ONU après 55 ans d’absence. "Le Liban vient d’être plébiscité", s’était-il écrié à l’issue du vote au cours duquel le Liban avait recueilli 180 voix. Il venait d'être élu ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire et tout le monde se réjouissait à l'avance du rôle qu'il pouvait jouer pour redonner un peu d'autonomie à la diplomatie libanaise longtemps cantonnée à servir de porte-voix à la diplomatie syrienne.

Nawaf Salam a failli. Il a non seulement piétiné les principes sur lesquels il a bâti sa carrière, mais détruit du même coup tous les espoirs qui avaient été portés sur lui. Il aura beau prétendre n'être qu'un fonctionnaire tenu d'exécuter sans broncher les ordres de son administration, mais il sait parfaitement qu'il s'agit là d'un alibi pour les lâches et non pour les hommes d'honneur.

Nawaf Salam sait aussi ce qui lui reste à faire. La décision est simple, mais l'enjeu est de taille: redevenir un homme libre.