Thursday, July 5, 2012















Le boson de Higgs et le tyran

Le rapprochement est insolite, voire insensé. Il procède d'un refus de toute considération logique, esthétique ou morale, car il est fondé sur le "montage" disparate et paradoxal des faits et des mots. L'atroce et le sublime, la science et la barbarie, la banalité des massacres et les mystères de l'univers. Comme s'il fallait absolument réinventer la rencontre d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection (Lautréamont) pour aller à l'essence des choses.

Trente ans que les physiciens lui courent après. C'était la pièce manquante du puzzle. Il s'agit du boson de Higgs, la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière, dont la découverte permet enfin d'entériner le mécanisme par lequel les autres particules ont pu acquérir leur masse au début de notre Univers.

De l'infiniment petit à l'infiniment ignoble. Du boson de Higgs au massacreur Bachar El-Assad, la transition est abrupte, mais non moins pertinente, car elle permet de faire le parallèle entre l'homme dieu dans ce qu'il a de plus noble et de plus sublime et le loup à figure humaine qu'est le tyran.

"Nous avons franchi une nouvelle étape dans notre compréhension de la nature", a déclaré le directeur général du CERN, Rolf Heuer. Il n'est pas sûr qu'on puisse en dire autant de notre compréhension de la tyrannie.