Thursday, June 16, 2011














Main basse sur le Liban

Mais quelle mouche l'a donc piqué pour qu'il fasse une déclaration aussi inepte que ridicule ? S'il avait tenu sa langue, personne ne lui aurait tenu rigueur. Non, il voulait absolument avoir son mot à dire comme pour prouver que la fatuité pouvait racheter la niaiserie. "Le gouvernement est une création à 100% libanaise, il a été formé totalement au Liban et sans intervention étrangère". Alors de deux choses l'une, soit Michel Sleimane est un imbécile fini, ou bien il agi sous la contrainte, mais dans les deux cas, il ne diffère en rien de l'ensemble des politiques libanais dont la seule occupation depuis des mois consiste à ménager un tyran aux abois ou à exécuter ses quatre volontés.

À l'heure où la protestation continue de faire rage en Syrie, alors que des hommes et des femmes tâtonnent pour sortir de la nuit, de la crainte, du désespoir, et tombent par grappes entières sous le feu du tyran, les politiques libanais oscillent entre un voyeurisme macabre doublé d'un mutisme ignominieux, ou un soutien ostentatoire doublé d'un activisme musclé pour museler les rares voix qui osent dénoncer la sauvagerie sans bornes qui se déroule au vu et au su de tous.

Le sens de l'honneur a déserté les cœurs et les esprits et les Libanais qui devaient être les premiers à apporter leur soutien, choisissent de fermer les yeux ou d'encourager le tyran pour qu'il en finisse une fois pour toutes avec une révolution qui par sa persistance les embarrasse plus qu'elle ne les enthousiasme.

Après 140 jours de mornes platitudes, le feu vert est tombé et les marionnettes longtemps tenues en laisse se sont mises toutes à s'agiter en même temps. Le gouvernement s'est formé en clin d'œil. Sur l'ordre de la Syrie, avec la bénédiction de l'Iran et sous la houlette du Hezbollah, le Liban se retrouve une nouvelle fois au bord du gouffre. Si la Syrie plonge, le Liban plongera avec. Tel est le souhait du tyran, mais tel est aussi le souhait des politiques libanais qui en réinsufflant la vie à une tutelle moribonde ont définitivement renoncé à toute velléité d'indépendance. Et, ce ne sont pas les gesticulations de quelques opposants toujours en retard d'une bataille qui vont changer quoi que ce soit à la nouvelle donne.