Monday, June 20, 2011



















One Way Ticket to Hell and Back

La bête est supposément aux abois. Le moment est donc venu pour sonner l'hallali. Et, qui mieux que le brave Michel pour donner le cor de chasse ? Pour rien au monde, il ne raterait l'occasion d'annoncer la mise à mort politique de sa bête noire. C'est donc avec une jubilation non feinte que le héraut des basses besognes a annoncé l'heureux événement à ses fidèles. Certes, il n'est qu'un servile exécutant, mais il faut lui savoir gré d'avoir dévoilé au grand jour ce que ses alliés manigancent depuis des mois. Ce qui est en jeu, c'est la mise à l'écart définitive de Saad Hariri et le démantèlement de son Hariristan. C'est, semble-t-il, la condition sine qua non pour asseoir le nouvel ordre syro-iranien au Liban.

L'opération devait avoir lieu dans la foulée de l'éviction de Saad Hariri du pouvoir, mais l'embrasement inattendu en Syrie est venu contrecarrer les projets initiaux, semant le trouble au sein de la nouvelle majorité et retardant des mois durant la formation du gouvernement. Pendant que le vampire syrien pataugeait dans ses bains de sang quotidiens, ses amis libanais vaquaient comme ils pouvaient. Nasrallah rongeait son frein, Aoun braillait, Miqati végétait et Joumblatt paniquait. La nouvelle opposition n'était pas du tout en reste, et, au lieu d'apporter un soutien franc et massif à la révolution, elle s'amusait à parfaire une torpeur devenue depuis longtemps sa marque de fabrique.

Plus de trois mois après, la situation n'a pas changé d'un iota, bien au contraire, elle a empiré et la révolution balbutiante au début, a gagné en ampleur. Assad est toujours au pied du mur. S'il cède à la pression, il est foutu et s'il continue son offensive sanglante, il risque de s'y noyer. Que fait un tyran lorsqu'il est acculé à naviguer de Charybde en Scylla ? Il s'enfonce dans la barbarie et tente d'élargir le champ de la confrontation. C'est la raison pour laquelle, l'embargo sur la formation du gouvernement libanais a du être levé. Un sunnite a été maquillé en chiite à la va-vite et Michel Sleiman, jouant docilement au crétin de service, a apposé son tampon "Made in Lebanon" au dessus de son auguste signature.

Mais le tyran ne peut pas se contenter d'avoir un gouvernement à sa botte, il lui faut aussi extirper toutes ces vermines sunnites qui prolifèrent depuis lurette dans l'Administration. Seul le Général peut s'atteler à la tâche, il en a l'envie et la carrure. Assad et Nasrallah ne pouvaient rêver mieux, cet amour de Michel est l'homme qu'il faut au moment qu'il faut pour procéder au grand nettoyage.

Mais il y a un hic, et ce hic s'appelle Najib Miqati, qui découvre un peu tardivement le rôle de dindon qui lui a été taillé sur mesure. Pauvre Najib, qui se rend compte que son exercice du pouvoir ne sera pas le long fleuve tranquille dont il rêvait. Rien ne pourra le sauver de son pétrin. S'il ne suit pas le mouvement, il sera vite relégué à l'expédition des affaires courantes, laissant le champ libre aux hommes d'action pour agir. Bref, que du bonheur en perspective !

La déflagration s'annonce grandiose et les Libanais auront à coup sûr leur one way ticket pour l'enfer. C'est Michel Aoun qui régale, profitez-en.