Tuesday, April 3, 2012



Aux cadavres jeté ce manteau de paroles

Un tapage médiatique assourdissant pour une impuissance proclamée et pleinement assumée. 83 délégations de pays et d’organisations internationales, se faisant appeler "Amis de la Syrie", se sont donc réunis à Istanbul avec pour mission de stopper les massacres et apporter leur soutien au peuple martyr. Le résultat: une mascarade où la bonne conscience des uns et l'altruisme revendiqué des autres ont pris toutes les apparences de l'imposture.

«Ni intervention militaire, ni droit international, ni Conseil de sécurité… Tout ce que nous vous demandons, c’est d’arrêter le massacre. Et si vous n’avez pas les moyens de le faire, vous êtes priés d’envoyer l’équivalent des frais de voyage et d’organisation de votre conférence au camp de réfugiés le plus proche pour l’achat de quelques tentes pour abriter les civils qui dorment dans la nature», peut-on lire dans le message adressé à la veille de la conférence par la Commission générale de la révolution, l’une des principales organisations sur le terrain.

"Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles"

Louis Aragon
Un jour un jour. Extraits

Les Syriens attendront longtemps avant de voir poindre le "jour couleur d'orange et de feuillages au front".